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 Lorenzaccio III.3 mon exposé d'hypo 1ere partie

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AuteurMessage
antoinepetit

antoinepetit


Nombre de messages : 69
Date d'inscription : 10/09/2006

Lorenzaccio III.3 mon exposé d'hypo 1ere partie Empty
MessageSujet: Lorenzaccio III.3 mon exposé d'hypo 1ere partie   Lorenzaccio III.3 mon exposé d'hypo 1ere partie EmptyDim 10 Sep - 20:16

Voici, cher tous, mon exposé sur une partie de LOrenzaccio (de mon idole Musset), si cela peut vous servir...




Alfred de Musset

Lorenzaccio

Explication de texte III,3 « suis-je un Satan ?… attendant le jour de ses noces. »



Intro :



Ce texte est donc extrait de la scène 3 de l’acte III. Dans cet acte central, Lorenzo dévoile peu à peu au monde et aux spectateurs ses desseins, le personnage qu’il joue, a joué, mais aussi ce qu’il est vraiment, l’âme pure qu’il a égarée, l’identité qu’il cherche à recouvrer. Cette tirade, c’est la pièce manquante d’une confession d’abord esquissée avec Scoronconcolo, et qui ici est adressée à Philippe le sage. Lorenzo s’adapte donc à son confident et passe de la violence brutale et frénétique de l’action, à la beauté du Verbe mesuré, à l’éloquence de la raison, à l’imagination d’une pensée riche de références littéraires et de métaphores lyriques.

C’est une replongée dans le passé pour se réapproprier l’ensemble d’une vie, pour rassembler les deux moitiés d’une dualité inhérente au héros romantique par une autobiographie théâtrale.



***

L’entame de cette tirade commence par une interrogation qui résonne comme le début d’une quête constante et récurrente d’identité : « suis-je un Satan ? » Satan, c’est l’Accusateur, en grec diabolos, le Diable,le chef des démons. On remarque ici que Lorenzo dénombre ce qui peut être considéré comme le Mal absolu chrétien et se l’attribue à lui, comme s’il devenait une pièce de ce mal, et donc finalement un agent… un démon. Cette question le presse, lui le débauché, lui le mignon souillé par les vices et la perversion. Il croit alors toucher au pire, le fond même, digne de l’Enfer… Car tout comme il y a deux pôles opposés, il y a aussi un espace qui se déploie dans cette tirade. Après les tréfonds, les hauteurs. Mais pour l’instant cette question place dès l’entame le thème de l’interrogation sur une identité brouillée. Lorenzo ici ne sait guère plus qui il est vraiment, là où il a feint, là où il est lui-même.

Après le doute et la profondeur surgit l’appel, l’élan vers le Ciel et l’espoir en la Lumière divine. Dualité et antithèse de l’espace, mais aussi de la valeur, de la couleur sûrement, de la référence culturelle. Il y a toujours ce va-et-vient qui correspond aux actes mêmes, aux pensées de Lorenzo et qui traduit son flou intérieur. Du feu infernal ou de la lumière, il en appelle à Dieu, à l’aide ! On songe ici à l’installation d’un cadre qui peut ressembler à des prémices apocalyptiques, Lorenzo pourrait-il alors devenir l’Ange Gabriel terrassant le Dragon-tyran Alexandre ? Certes non, car Lorenzo bien que résolu, il semble à nos yeux encore trop indécis dans son acte, sa parole et son identité. Dans ces deux phrases, il y a opposition et apposition du Bien et du Mal… mais où Lorenzo se place-t-il donc? Gageons, en feignant d’ignorer la fin de l’œuvre, qu’ayant placé à la fin le Bien, il laisse là l’indice de son penchant.

De plus, soit dit en passant, cette introduction de la confession peut faire songer aussi au début des Confessions de J.J.Rousseau « Que la trompette du Jugement Dernier… », œuvre et personnage très influent chez Musset.



Comme pour raccrocher le fil de son existence et de son être, Lorenzo va remonter dans son passé, faire voyager le lecteur-spectateur des épisodes les plus anciens de sa vie, lorsqu’il était encore un jeune et pur enfant, aux épisodes les plus récents. On peut relever ici l’importance des temps dans cette réminiscence : tous les temps du passé sont présents pour venir en aide au souvenir. Dans l’ordre nous avons :

- Présent : temps de la confession « je m’en souviens »

- Conditionnel passé : le saut dans le passé, même le plus hypothétique, Lorenzo essaye ici de retrouver la netteté de la sensation passée… « j’aurais pleuré »

- Passé composé « j ai commencé »

- Imparfait « je marchais »

- Plus que parfait « avais commencé »

- Passé simple « rentrai ; vis »

- Retour au passé composé etc…



Avec le mot « encore » Lorenzo énonce bien le fait qu’à travers son trouble ; il garde en main le fil ténu de son passé, de sa vie, dans ses joies et ses peines les plus précoces. Il se souvient de cette première fille, si importantes, exaltées et relatées chez les Romantiques comme Musset. Néanmoins on peut voir ici un retournement de ce Topos, qui chez Lorenzo sonne comme le présage d’une vie qui sera en décalage complet, ou plutôt d’un être qui devra l’être avec lui-même, et l’humanité toute entière. Tout enfant qu’il est, il échoue dans le domaine qui sera une des prédilections du débauché adulte. Dans le retour à l’origine, il y a le décalage entre l’émotion et la compréhension de cette émotion chez l’autre, décalage de la sensibilité et de la douleur qui est pour Musset, gage d’authenticité : Lorenzo,lui, le jeune enfant « encore » (justement), pur et innocent, qui pleure par amour, et elle, qui en rit. Mise en place habile du thème récurrent de la femme comme élément déclencheur de souffrances ou comme source première du vice.

Après ce triste épisode, Lorenzo commence alors le récit de sa perversion progressive. « Quand… » C’est aussi une replongée dans la sphère politique qui s’étend dans toute la scène 3, le politique, c’est le monde du faux, du caché, dissimulé. Cf chp lexical : « jouer mon rôle ; habits neufs ; masques etc. » Pendant du vrai et de l’authenticité de l’être, c’est là où il faut cacher son identité, c’est donc l’endroit où l’on ne peut être soi, là où l’on se perd. Pour qualifier cette longue préparation Lorenzo parle d’un rôle de « Brutus moderne » : après la tentative d’accroche et de rapprochement de l’identité dans la référence chrétienne, il cherche ici la référence antique ; c’est le télescopage des temps et des visions différentes du monde. Ici Rome, monde politique par excellence, où les cesars ont régné et ont chuté, presque tous de façon brutale… l’assassinat. Brutus, fils adoptif et meurtrier de César, devient le modèle idéal pour Lorenzo, comme lui, il assassinera un parent, ce qui pour des yeux chrétiens peut apparaître comme un vice encore plus élevé. Lorenzo un brutus ? encore une fois, il s’en approche mais ne peut se coller à cette image.
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