CULTURE GENERALE :
LE MONOLOGUE
La dramaturgie classique en France, J. Scherrer
Le langage dramatique, P. Larthomas
Lire le théâtre, A. Ubersfeld
Le monologue est défini comme une scène où l’acteur est seul et se parle à lui-même ; dans la réalité théâtrale, pas toujours une scène (ex La Place Royale) et l’acteur peut ne pas être seul vraiment, être en présence d’interlocuteurs qu’il ne voit pas ; quand il les voit mais parle seul, c’est un soliloque (ex Ham dans Fin de Partie). Il ne se parle pas tjs à lui-même : peut s’adresser à Dieu, ou à des personnages absents (ex l’Infante à Rodrigue)
Forme de convention théâtrale acceptée par les spectateurs, au contraire de la vie réelle ; profération du discours non extériorisé, de ce que le romancier nomme monologue intérieur : il donne langage à sa pensée. (ex Belle du Seigneur : pas de ponctuation, bouillie verbale interne ; ainsi Sarraute, Joyce)
Associé à la solitude, et donne au personnage la possibilité de s’ouvrir au spectateur, car possibilité de rejeter masque social, de se dire ; sentiment de se rapprocher du lecteur ; cf Hugo, Préface de Cromwell ‘ouvrir au spectateur un double horizon, d’illuminer l’intérieur et l’extérieur des hommes’, par apartés et monologues.
1. une forme du langage dramatique
2. une expression lyrique
3. une parole solitaire
1. associé à l’importance de la parole, se distingue du dialogue et de l’aparté
Très utilisé dans théâtre classique, car il s’agit d’une forme lyrique associée à la conception poétique du théâtre au XVIIes, d’où raréfaction fin XVIIe car on sent son aspect conventionnel ;
Utilité diverse : exposition, d’où fonction informative : cf Le Malade Imaginaire, I, 1 : dans la folie du personnage ; tout est tracé, la solitude d’Argan justifiée par le fait qu’on l’a laissé seul
: de transition, cf dans La Place Royale, Phèdre, IV, 5 : ayant appris que Hippolyte aimait Aricie, elle se décompose devant le public
2. Lyrisme car le personnage échappe à la nécessité de dissimuler
Permet au spectateur de connaître intériorité du personnage et a une forme lyrique ; la forme la plus élaborée = les stances, travail poétique sur le langage
La tragédie fait la solitude et au fond le personnage tragique est forcément seul à un moment, ce qui correspond à un monologue : le spectateur assiste en direct au déchirement du personnage
Mais parole presque toujours adressée : l’Infante à Rodrigue, Rodrigue à son épée ; apostrophes qui sont des adresses à des interlocuteurs visibles ou invisibles
Temps de la méditation, pause lyrique correspondant à la mise à nu du sujet
Parole solitaire utilisée par auteurs contemporains, où il n’a peut-être plus ce rôle de dévoilement : plutôt orchestration de l’incommunicabilité
3. Forme figée de la parole théâtrale, cf Beckett : monologue = lieu d’une expression de la solitude ; plutôt soliloque car personnages autour mais peu importe ; dimension incommensurable de la solitude ; cf Oh ! les beaux jours : Winnie ne cesse de s’adresser à Willy sans cesser de s’adresser à elle =) faire quelque chose avant de mourir : mise en scène de la solitude inhérente à notre condition, soit au bord de la mort (Winnie) ou au seuil de la folie (Lucky dans En attendant Godot)
Solitude mais besoin de parler sinon mort
Cl : forme conventionnelle du théâtre classique dont il constitue une des paroles essentielles qu’on retient comme morceau de bravoure (Cf Hamlet) avant de devenir une parole intérieure verbalisée ; sorti du théâtre, le monologue peut être retranscrit par les romanciers (cf La Chute, Camus) et qui devient important dans le roman contemporain avec une tentative de retranscrire le monologue intérieur par modifications de syntaxe (cf Cohen, Belle du Seigneur, Sarraute : la sous conversation, tout est langage à l’intérieur de nous-même)