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 [b]le veau à l'eau, une recette de Huysmans.[/b]

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antoinepetit

antoinepetit


Nombre de messages : 69
Date d'inscription : 10/09/2006

[b]le veau à l'eau, une recette de Huysmans.[/b] Empty
MessageSujet: [b]le veau à l'eau, une recette de Huysmans.[/b]   [b]le veau à l'eau, une recette de Huysmans.[/b] EmptyDim 10 Sep - 16:10

Voici mes amis une petit roman délicat, grinçant et gouleyant de mon confrère ( afro ) Huysmans, cad A Vau L'eau, que dont je ovus recommande la lecture, quie st je vous l'assure , satisfait ou remboursé, tres rapide et TRES enrichissante sur tout ce qu'il faut connaitre, en résumé, de l'esthétique et de la philo générale de l'auteur. (cela ne remplacera pourtant jms les deux autres grds volets de ma trilogie, A Rebours et Là-Bas, Noam, attention battle de critiques!)

Voici donc ma modeste, mais jespere utile, contribution:

Fiche de lecture

Culture Générale

Antoine PETIT A VAU L’EAU
J.K Huysmans

Quelques notes et indications sont issues de l’introduction de Robert Kopp, édition Bouquins


Résumé :

Jean Folantin est un vieux garçon, célibataire… cela va de soi chez Huysmans. Son indifférence pour la gente féminine n’est qu’un nostalgique désir d’indépendance contracté lors de ses années de légèreté et qui oscille sans cesse avec des regrets de solitude.
Il passe sa terne existence entre son emploi de commis à la Sûreté Générale, qu’il exerce depuis déjà vingt longues années ( et où il arrive sempiternellement en retard ), et le bal incessant des troquets, gargotes, petits restaurants miteux où il doit satisfaire l’instinct primaire par excellence : se nourrir.
D’une origine sociale modeste, il a difficilement gagné ses maigres galons, et le zèle et l’espoir qu’il mettait dans son avenir professionnel ont, très tôt, été étouffés dans l’œuf. Sa généalogie retracée dans les grandes lignes indique en filigrane une logique familiale : les générations ne sont qu’ascension et chute sociale. Sans amis, perdus, disparus ou dilués dans les arias du mariage, sans famille, sa vie n’est qu’un long cheminement entre l’ennui et la langueur. Il se laisse aller à vau l’eau.

Remarques préliminaires :

- Jean Folantin est avant tout un embryon du Des Esseintes dans la mesure où sa lucidité cynique sur sa vie, son ennui, le monde qui l’entoure, lui permet d’avancer, ou plutôt d’errer dans son existence, au jour le jour, en faisant en sorte que demain soit un pari à relever pour se tirer de la langueur. Comme lui, il porte en lui un germe de snobisme, d’exigence sociale, de goût pour la solitude, la bonne chère, la phobie du changement de repères (aller sur l’autre rive, quitter le cocon de son appartement) ; comme lui, il est à la fois sans rêve et sans espoir, et pourtant il a foi dans un lendemain « relativement meilleur » ; toutefois, contrairement à Des Esseintes, son statut social ne lui permet pas de mener à fond ses envies (de gourmet par exemple). De plus, son dandysme n’est même pas latent : sa culture littéraire ne se résume qu’à une vingtaine de livres qu’il connaît par cœur, sa quête du luxe se satisfait à l’achat de quelques tapisseries et gravures, en revanche, l’érudition parisienne, des rues, des mastroquets, des types de nourriture, et leur critique : amère, acerbe, grinçant, entre le sourire résolu et le désespoir ironique, nous invite à trouver en lui une finesse, un raffinement modeste qui est en soi une esquisse et une ébauche du personnage de Des Esseintes.

- Ce texte est une nouvelle plus qu’un roman, c’est un jet, une épure. Placé dans la lignée d’En ménage, qui est selon l’auteur un « chant du nihilisme, chant encore assombri par des éclats de gaieté sinistre et par des mots d’un esprit féroce », A vau l’eau, comme En Ménage, « conclut à la résignation, au laisser-faire […] comme le diaconat des misères moyennes ».

- Il se place dans les Croquis Parisiens, « le petit poème en prose des viandes cuites au four », s’inspirant de Baudelaire (certains passages sont de véritables poèmes en prose cf « Ce sont les fallacieux rosbifs …les ferments du concubinage dans l’âme ulcérée des vieux garçons » , et relié à la nouvelle et au roman au moins réaliste, si ce n’est naturaliste : dégageant une atmosphère de moisissure nutritive à la Thérèse Raquin, un conditionnement génétique non pas à la déchéance, mais au moins à l’ennui et à la désagrégation de la vie. Mais au delà, dans une profondeur plus spirituelle, c’est le souffle d’une inspiration romantique usée et macérée, qui apparaît, entre Baudelaire et Chateaubriand, Huysmans livre la nouvelle mélancolie, le nouveau spleen du désœuvrement, le mal du siècle de la vacuité. (ne pas oublier que cette génération a été marqué par la philosophie de Schopenhauer, Nietzsche)
- On y retrouve quasiment tous les thèmes promis à de multiples variations dans toute l’œuvre de l’auteur : petites misères de la vie solitaire, de la vie conjugale, la quête et la croisade pour un repas sain, mais finalement dégénéré dans une gargote à peine fréquentable – entre autres. La permanence des thèmes crée ainsi une remarquable unité de composition.
- Il ne faut pas oublier que le fonctionnaire est devenu un type littéraire au 19e (vers 1870). Il est figure de la vacuité et de l’ennui. ( cf son traitement purement réaliste chez Maupassant et naturaliste chez Céard )
- L’inspiration autobiographique est évidente, si l’on lit la correspondance. « j’en ai fait beaucoup dans ma vie et en ai rapporté le malheureux Folantin. – La nourriture n’est rien, si médiocre et si invariable qu’elle soit ou apparaisse, au bout de quelques temps de ce régime, mais ce sont les convives et leurs plaisanteries quotidiennes qui m’atterrent. La tyrannie de la face humaine, comme disait Baudelaire, est chose terrible, pour des gens qui demandent souvent un peu de solitude. C’est un des motifs pour lesquels j’ai souvent envié la richesse »

- De ces inspirations romantiques, il déploie d’abord l’inquiétude religieuse et l’angoisse métaphysique (ténues ici) : « maladie à la mort » au sens kierkegaardien, tombé dans l’écœurement, ressenti ici encore plus physiquement que spirituellement ( ce sera le pan entier d’ A rebours et de Là-Bas )
De ces inspirations réalistes, il dresse le tableau d’une vie sans but, sans goût, pire, dégageant des odeurs de putréfactions ( cf Thérèse Raquin )

- Quelques indications cocasses de l’auteur in Corr , « Je me suis attelé sur un bouquin assez bizarre et assez rigolo – en 2 parties très courtes – l’une dénombrant les misères du célibat, les restaurants, les bouillons, les femmes de ménage etc. l‘autre dénombrant les misères du mariage, les gosses, les coups tirés sans envie, les femmes malades. Il n’y a plus qu’à se foutre à l’eau après la lecture de ce livre. Si ca va bien, ca aura une bonne gueule »
- Le titre premier était M. Folantin , mais l’avis de Céard et de Zola l’en dissuada, il n’opta qu’avec regret pour le présent « quelque médiocre qu’il soit »
- Dans la lignée des Goncourt et leur mépris pour l’affabulation, et celle de Céard, cette nouvelle présente l’exemple d’un roman « où il ne se passe rien »
- Pour les petits curieux… n’y a t il pas une certaine filiation, plus que phonique, entre notre Folantin, le Salavin de Duhamel, le Roquentin de Sartre ?

- Certes, la renommée de Huysmans commença à partir d’à Rebours, ms c’est à la parution d’A vau-l’eau que l’on découvre ce petit « quelque chose d’aujourd’hui », l’expression du pessismisme moderne, « une philosophie raffinée, délicate, bonne pour les blasés, une sorte d’épicurisme supérieur »

- Ces quelques pages forment en petit un condensé de l’esthétique et de la philosophie de l’auteur, ce n’est pas un simple pessimisme naturaliste,non ! S’il y a au premier abord un refus nihiliste de la vie, car elle n’est que la conserve putride de la banalité, il y a bien au-delà un humour et une ironie mordante, détails grossiers et sordides des descriptions – qui gardent une poétique étonnante que l’on peut rapprocher d’Une Charogne de Baudelaire – d’une nourriture rimant avec pourriture. A chaque page donc, le memento mori d’une vie terne, et pourquoi pas la peinture d’une « vanité » vaine. Représentant possible de l’humour noir selon Breton, « par l’excès des couleurs sombres de sa peinture, par l’atteinte et le dépassement dont il est coutumier d’un certain point critique ds les situations désolantes, par la préfiguration minutieuse, aiguë, des déboires qu’entraîne à ses yeux, dans l’alternative la plus banale, toute espèce d’option, il parvient à ce résultat paradoxal de libérer en ns le principe du plaisir. Les réalités extérieures présentées systématiquement sous leur angle le plus mesquin, le plus agressif, le plus blessant exigent du lecteur de Huysmans une réparation constante de l’énergie vitale, minée par l’accumulation des tracas quotidiens qu’on lui rend tout à cp trop sensibles. La grde originalité de l’auteur tient au ft qu’il paraît renoncer pr lui mm au bénéfice du plaisir humoristique, et que ns pouvons croire qe ce bénéfice ns est exclusivement réservé, l’auteur ne se départissant pas d’une attitude accablée qi ns donne à chaq instant l’illusion de prdre sur lui l’avantage. Il y va ici d’une intention délibérée, d’une méthode thérapeutique réfléchie, d’une ruse destinée à ns faire surmonter notre propre misère. »

Thèmes, notes, remarques à relever pendant votre lecture

- La nouvelle se découpe en quatre partie : Folantin vit au rythme des saisons, sa vie – cyclique donc – est un éternel recommencement, il le sait et donc n’en attend pas grd chose.
1- l’hiver
2- printemps – été
3- automne…

La santé physique et morale de F sont en étroite corrélation avec le temps, notez les correspondances, si le temps et « lumineux », « sec », ou bien humide etc. F est à lui seul l’expression symbolique d’une vie baromètre se laissant voguer au fil rasoir du temps.

- Notez également qe la fin des 2 premiers chapitres conduisent symboliquement F tout droit dans son lit, défait, mais comme soulagé par « les pacifiants bienfaits du secourable lit »

- Dès les premières lignes, la défaite de F face à son assiette et sa nourriture résistantes indique que pr ce pers le pire est tjs sûr.
- Notez l’anthropomorphisme des images de H, le symbolisme et la phénoménologie quasi animiste autour des objets, ce qi accentue le côté hostile et répugnant de l’atmosphère et de l’environnement tt entier de F

- Faites bien attention à ts les verbes de mouvement qui forment autour de F la rapsodie de l’évasion, comme si inconsciemment, il se débattait avec sa terne vie

- Vous pouvez aussi relever toutes les correspondances entre le Paris en transformation, en américanisation, et la grde ville sinistre américaine (ici est citée Chicago). Le cliché de l’anti-américanisme se retrouve aussi chez Chateaubriand et bien sûr Baudelaire. A la différence de la capitale parisienne, les villes américaines sont l’emblème d’un anonymat sinistre et mortifère, synonyme de matérialisme et d’inculture ( alors que chez Baudelaire in Spleen de Paris, l’anonymat est source d’inspiration, de profusion et de relation à l’universalité de l’humanité cf Les Foules, ou la grisaille atermoie avec les feux d’artifices et les couleurs étranges cf Le Vieux Saltimbanque, etc.)

- Face au « délabrement physique » qui rappelle notre cher Des Hermies, la subtilité et la richesse des médecines trouvées sont évoquées dans une énumération, non pas accablante ou élégiaque, mais bien humoristique et tout à fait rabelaisienne.

- Lorsque F se retrouve à l’opéra « Richard commençait, dans une salle vide… le charme était rompu », nous retrouvons ici un bel exemple de mémoire affective mais qui ne débouche pas, comme chez notre ami Proust, sur une plénitude de sensations et de souvenirs, et encore moins sur une anamnèse idyllique et totale.

- Le personnage de F est un des meilleurs exemple d’une vie sur le mode mineur, binaire et accablé par le mode oscillatoire. Cf III « il atteignît l’hiver ; mais, aux premières neiges… dans ce nouveau Paris une impression de malaise et d’angoisse » et plus loin « la place s’animait, ms sans gaieté et sans fracas… qu’il espaçât ses visites, qu’il ne le parcourût qu’à de rares iontervalles. » et encore plus loin, dans un système de bonds, il passe « tout palpitant » à « s’assombrit » pui « s’éclaira » etc.

- Enfin, dans le dernier mouvement final, comparez la foi pratique de Folantin avec les élans mystiques purs qui sont développés ds A Rebours et surtout là-Bas

***

Voilà ! J’espère que cette fiche éclairera votre lecture, et vous aidera pour le si doux supplice des colles de Culture Générale !

Si vous avez quelques désaccords, critiques, j’adorerai débattre de tout cela avec vous (pour finir par avoir raison bien sûr ! non je rigole) . A vos Huysmans !
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