Le Forum des Khâgneux
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 RAPPORT 2003 sur la CULTURE G

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Pierre_admin
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MessageSujet: RAPPORT 2003 sur la CULTURE G   RAPPORT 2003 sur la CULTURE G EmptyLun 14 Mai - 11:58

CULTURELITTÉRAIREGÉNÉRALE
CULTURELITTÉRAIREGÉNÉRALE
Concours d’entrée – Rapport 2003 73
Culture littéraire générale
Oral
Moyenne générale de l’épreuve: 7,45/20
(option Lettres: 5,85/20, option Langues: 8,36/20, option Sciences humaines: 7,96/20)
Note la plus haute: 19/20
Note la plus basse: 0,5/20
Le jury n’a pas eu l’occasion d’entendre, cette année, beaucoup de prestations brillantes pour l’op-
tion Lettres, en revanche, dans les autres options, le nombre de prestations honorables est satisfai-
sant. L’impression générale est que les candidats arrivent à cette épreuve peu préparés et que la mise
en œuvre même de l’exposé pose un certain nombre de problèmes que nous souhaiterions souligner
dans ce rapport afin d’aider les candidats dans leur préparation future. Cette épreuve a la réputation,
auprès des candidats, d’être difficile, voire redoutable. Et l’on voit se développer chez eux une
mythification de l’«oral de culture littéraire générale». Cette épreuve a certes ses spécificités, mais
elle partage également des exigences avec les autres épreuves orales. En effet, c’est la seule épreuve
à ne pas s’appuyer sur un programme largement balisé au cours de l’année de préparation, ce qui
représente, sans doute, une difficulté réelle, mais qui devrait également conduire à la mise en œuvre
d’une culture littéraire personnelle, authentique, fruit des lectures des candidats puisées en dehors
des programmes scolaires du baccalauréat ou de l’année de préparation au concours.
Le jury choisit, cette année, de présenter le rapport sous forme de rubriques permettant d’iden-
tifier les points qui lui paraissent les plus immédiatement importants1.
Questions de méthode
L’exposé doit être fermement structuré et organisé autour d’une problématique explicite. L’une des
difficultés de l’épreuve de «culture littéraire générale» réside dans le dernier adjectif de l’intitulé, à
savoir sa «généralité». Trop souvent les candidats substituent à une analyse resserrée sur un axe un
panorama de la littérature française des origines à nos jours ou un catalogue, ou encore déclinent la
polysémie d’une notion. Ainsi, pour un sujet comme la déclaration, il est maladroit d’ouvrir dans son
extension maximale la polysémie du terme qui peut aller de la déclaration de guerre à la déclaration
d’amour, en passant par la déclaration de naissance ou d’impôts. Il est possible de poser, dès l’intro-
duction, la polysémie de certaines notions, mais il est attendu de choisir un axe, un projet, une ligne,
un parcours qui permettra de définir la notion (le thème ou le motif littéraire), en l’exemplifiant. Est-
ce fondamentalement différent de la méthode de la dissertation littéraire?
L’exposé doit débuter par une introduction qui fixe les bornes du sujet, établisse un projet d’ana-
lyse précis et annonce un plan. Le corps de l’exposé s’organise autour de deux ou trois parties et
débouche sur une conclusion, dont le rôle sera moins de rappeler les acquis de l’exposé (le délai de
15 minutes ne le permet guère), que d’ouvrir sur une notion voisine, un autre genre littéraire ou une
autre forme artistique.
Voici, à titre d’exemple, la démarche d’un exposé qui a reçu la note de 19/20. La candidate a
choisi comme sujet de type 2 «le blanc» en montrant dans son introduction comment le jeu de
contraste entre le blanc de la page et le noir de l’encre des caractères constituait la surface et le support
1.Nous renvoyons également les candidats, pour une lecture complémentaire, au rapport du concours 2002, qui rappelait les point
essentiels des attentes de cette épreuve.
74
SÉRIESLETTRES, LANGUESVIVANTESETSCIENCESHUMAINES
Concours d’entrée – Rapport 2003
de l’écriture. C’est par cette différence fondamentale que l’écriture était possible, faite du déchiffre-
ment entre les espaces noircis et les espaces laissés blancs, faisant même du blanc la vingt-septième
lettre de l’alphabet. Par ailleurs, cette blancheur originelle de la page immaculée pouvait générer l’an-
goisse de l’écrivain, mettant face à face le dénuement du support et celui de l’écrivain. C’est autour de
cette tension entre le vide et le plein, le lié et le délié, l’écriture et son déchiffrement que cette candi-
date a construit son projet, en prenant le soin d’exemplifier de manière très précise à partir de Georges
Pérec (La Disparition) et de Diderot, des Voyelles rimbaldiennes, des Calligrammesd’Apollinaire et
du Coup de dèsde Mallarmé, avant d’évoquer Hugo et Michaux. Chaque exemple, travaillé avec
nuance et relié au fil conducteur de l’exposé, montrait tour à tour, dans une expression fine et soignée
comment ce blanc «plastique connotait la pureté et le travail de deuil de la création littéraire, menacée
d’anéantissement». On constatera facilement que tous les supports sont le fruit de la culture person-
nelle de la candidate (bien d’autres étaient possibles et aucun en particulier n’était attendu). L’exposé
construit sur trois points offrait une cohérence et une logique propres, qui, sans prétendre à l’exhaus-
tivité, établissait l’importance fondamentale de cette notion dans le domaine de la création littéraire.
Tactiques et choix
Le choix du candidat doit le guider vers ce qu’il pense connaître le mieux, maîtriser pleinement, car
le jury vérifiera le bien-fondé des sources convoquées. De même, il est inutile de viser l’originalité
à tout prix. Certes, le jury espère être surpris par la finesse de l’analyse et de la pensée des candidats,
mais il sera sévère sur des choix qui paraissent manifestement décalés ou non pertinents. Quelques
occurrences prises dans la session 2003: face à un sujet comme «l’inceste dans une œuvre de votre
choix», pourquoi choisir comme support L’Insoutenable légèreté de l’êtrede Kundera, et fonder
l’exposé sur une dimension métaphorique de l’inceste, à partir de trois vagues occurrences tex-
tuelles? De même, pour un sujet de type 3, «l’amitié», il est extrêmement maladroit d’illustrer
majoritairement avec des œuvres dans lesquelles le héros ou le narrateur ont peu d’amis et de
conclure que «peu de grands romans ont l’amitié pour thème»! Parler des Motsde Sartre ou de
L’Étrangerde Camus, sans avoir au préalable évoqué Le Grand Meaulnesou Illusions perdues
témoigne d’un manque de pertinence. Si le projet d’analyse choisi par le candidat l’amenait, dans
une troisième partie, à définir l’amitié par le rapport d’antithèse qui la lie à la solitude, alors les
œuvres choisies de Sartre et de Camus auraient pu s’intégrer dans la logique de cette démonstration.
Dans le cas contraire, le jury ne peut que pointer le manque de pertinence dans le choix des supports.
Si le candidat choisit, à bon escient, de ne pas traiter, par exemple, «Crime et châtiment dans une
œuvre de votre choix», en s’appuyant sur le célèbre roman de Dostoïevski, il est dommage en
revanche de ne pas évoquer cette œuvre, et de ne pas signaler l’emprunt auquel procède ce libellé au
moins dans l’introduction, et justifier alors, par rapport à elle, le choix personnel de Thérèse Raquin!
Les difficultés de l’oral
L’un des paramètres d’évaluation de cette épreuve, (rappelons qu’il est commun à toutes les épreuves
orales) est la maîtrise de l’exposé, dans sa forme la plus matérielle. Ainsi, il est important que l’ex-
posé ne dépasse pas les 15 minutes imparties (le candidat doit parler entre 10 et 15 minutes). Il s’ex-
pose à être interrompu, voire sanctionné, s’il dépasse cette limite ou s’il refuse de s’arrêter.
Comme pour toute épreuve orale, il faut vaincre sa timidité naturelle et proposer une presta-
tion audible, nettement articulée, en regardant le plus souvent possible les membres du jury et en
évitant de rester l’œil rivé sur sa feuille de préparation. Inutile de rappeler, sans doute, qu’une
langue correcte et non familière est attendue, qu’il convient d’employer des termes tels que «tra-
gique» ou «romantique» dans leur sens littéraire et non commun.
CULTURELITTÉRAIREGÉNÉRALE
Concours d’entrée – Rapport 2003 75
Il convient de soigner son débit et son élocution, tant par l’attention portée sur les choix lexi-
caux et de registre de langue que par souci d’éviter l’écueil fatal des liaisons incongrues (un «il était
si z’amoureux» a été entendu!). Deux défauts extrêmes sont à bannir: il ne faut endosser ni les rôles
du Bourgeois Gentilhomme ni ceux de Trissotin. «Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement». En
effet, ni le flou de l’expression ni le jargon de spécialité, souvent vaguement philosophique ou psy-
chanalytique, ne sauraient duper le jury. Dans les deux cas, cette attitude de démission ou cette ten-
tative pour éblouir ont pour conséquence de mettre un écran entre l’objet soumis à l’étude et la pen-
sée du candidat. Le jury attend une réflexion personnelle, ce qui veut dire authentique. Rien
n’interdit, bien au contraire, que le candidat s’appuie sur tel ou tel critique, mais seulement s’il est
capable de s’approprier cette pensée, de la faire sienne et de la convoquer sans contresens ou réduc-
tions abusives.
Dans l’entretien qui suit l’exposé, le candidat doit s’efforcer de répondre aux questions du jury,
qui, en aucun cas, ne visent à le déstabiliser, mais l’invitent à lui faire préciser un point, ou à élargir
l’analyse vers des aspects non envisagés, ou qui pourraient l’être sous un angle différent. Quelques
candidats s’enferment alors dans un étrange mutisme, ou répètent, avec une pointe d’agressivité, le
contenu de leur exposé. Ce moment d’échange (même s’il est extrêmement bref, 5 minutes en
moyenne) avec le jury est précieux pour évaluer la profondeur de la culture du candidat. Il doit donc
être considéré comme partie intégrante de l’épreuve.
Spécificités des sujets proposés
Quelques rappels avant de passer en revue chacun des types de sujets:
– Il est vivement déconseillé de s’appuyer sur les œuvres au programme de littérature générale (et
d’option pour les candidats du concours Lettres) de l’année en cours ou de l’année antérieure. Que
penser de la réaction d’un candidat incapable de répondre à aucune des questions du jury cherchant
à voir si en dehors de Racine et d’Aragon il pouvait convoquer d’autres références littéraires?
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MessageSujet: Re: RAPPORT 2003 sur la CULTURE G   RAPPORT 2003 sur la CULTURE G EmptyLun 14 Mai - 11:58

– Culture: elle doit être le fruit d’une expérience personnelle, immédiate de la littérature (ou des
arts). On attend du candidat qu’il fasse partager aux membres du jury cette fréquentation des œuvres,
ce qui devrait lui permettre d’éviter le prêt-à-penser stérile de fiches de lecture réalisées en classe ou
le refuge frileux derrière tel critique littéraire. Il est maladroit de traiter de «la lettre de rupture dans
une œuvre de votre choix» à partir des Liaisons dangereusesquand on ne connaît manifestement
qu’un extrait du roman de Laclos, sans doute étudié en classe. Quelques candidats se sont aventurés,
avec bonheur, dans le domaine de la représentation théâtrale en rendant compte de spectacles vus au
cours de l’année, (et du plaisir qu’ils ont ressenti) alors que d’autres, pour un sujet tel que les cou-
lisses, n’ont pu citer aucune représentation et donnaient l’impression de n’avoir jamais assisté à
aucun spectacle.
– Littéraire: l’objet de l’épreuve s’est resserré depuis 1999 sur la littérature. Cela ne veut pas dire que
les candidats doivent restreindre obligatoirement leurs choix à des œuvres littéraires. C’est avec plai-
sir que le jury a été surpris par des ouvertures sur les autres arts (cinéma, musique, peinture, sculp-
ture...) témoignant d’une fréquentation personnelle de l’objet artistique dans son ensemble. Ainsi,
choisir de traiter «le bal dans une œuvre de votre choix» à partir du Don Giovanni de Mozart est le
signe d’une originalité payante, si les techniques propres à l’opéra sont alors parfaitement maîtrisées.
– Générale: là réside peut-être l’ambition la plus grande et le vrai sens de cette épreuve. Le jury a
été frappé par l’étroite connaissance des candidats, se limitant le plus souvent aux œuvres lues en
classe ou au cours de l’année de préparation. L’exemple favori des candidats demeure Madame
Bovary(la «casquette» a été évoquée une bonne quinzaine de fois!) et de façon quasi systématique
les romans du XIXesiècle. Que dire alors quand cette œuvre elle-même semble mal connue et donne
76
SÉRIESLETTRES, LANGUESVIVANTESETSCIENCESHUMAINES
Concours d’entrée – Rapport 2003
lieu à des approximations – le jury a ainsi pu apprendre qu’Emma n’avait eu qu’un seul amant pré-
nommé... Henri? Le célèbre roman de Flaubert est certes un chef d’œuvre et une mine d’exemples
pour de nombreux sujets, mais la littérature est un vaste domaine qui devrait permettre aux candidats
une ample promenade d’Homère à Jaccottet. Ainsi, pour traiter un sujet comme l’éducation, pour-
quoi choisir les lectures d’Emma et ne rien dire de L’Éducation sentimentale, si l’on veut absolument
s’en tenir à Flaubert? Le jury s’inquiète du manque de connaissance des siècles classiques. Du
XVIIe siècle les candidats ne semblent connaître que le roman de Madame de La Fayette (La Prin-
cesse de Clèves) et quelques tragédies de Racine. Rien sur La Fontaine, La Bruyère, Sorel, Scarron,
le théâtre de Molière ou de Corneille (mise à part L’Illusion comique). Lorsqu’il a été demandé à un
candidat d’élargir sa lecture des poétiques déceptives aux Fablesde La Fontaine, il a avoué ne pas
connaître de fables. Un brillant exposé sur «la fiction du moi» a conduit, en revanche, le jury sur une
carte de l’intime allant de Rousseau à Hervé Guibert, en ménageant une longue halte duCôté de chez
Swann, et un détour chez Pessoa.
Sujet de type 1
Il s’agit de traiter une notion, un motif, un thème, un personnage, une figure dans une «œuvre de
votre choix». Le rapport de l’année dernière indiquait déjà l’absence de justification par les candi-
dats de l’œuvre choisie comme support. Cette année encore l’on ne peut que déplorer ce manque. Il
nous paraît nécessaire de consacrer un moment de l’introduction aux raisons qui ont poussé à choi-
sir L’Illusioncomiquede Corneille pour traiter des relations entre père et fils ou L’Œuvrede Zola
pour la jalousie. Il convient de même de définir la notion soumise à l’examen. Comment se com-
prend «la figure du poète» avant de l’illustrer?
Le défaut majeur que le jury a constaté pour ce type de sujet est la fâcheuse tendance à substi-
tuer à une analyse attendue de l’œuvre choisie par le candidat un résumé ennuyeux de l’intrigue,
assaisonné d’une maigre analyse psychologique des personnages. Même si le sujet 1 peut paraître
plus rassurant que le troisième, il ne saurait être question de l’amputer d’une analyse qui soumette la
lecture de l’œuvre à la perspective indiquée. Si l’on se propose d’étudier «l’aveu» dans La Prin-
cesse de Clèvesde Madame de La Fayette, il convient alors de se demander en quoi l’aveu est un
thème fondateur de ce roman, un point focal permettant de lire cette œuvre dans la perspective d’un
conflit intérieur (vsson extériorisation) en interaction constante avec l’architecture générale du
roman allant d’un intérieur (le couvent) vers un extérieur (la cour et les lieux de mondanité – lieux
de l’amour), qui sera balisé par l’épreuve des aveux successifs (à sa mère, à Madame la Dauphine, à
son mari), pour se refermer sur le retrait du monde.
De plus, le candidat doit posséder une bonne connaissance de l’œuvre retenue, précise, person-
nelle. C’est ainsi que le jury a pu se réjouir devant les choix judicieux de certains candidats, ayant
opté pour Le Journal d’un voleurde Jean Genet pour traiter «des bas-fonds dans une œuvre de votre
choix» (17/20) ou du Bal du comte d’Orgel pour illustrer «la sexualité dans une œuvre de votre
choix» (14/20), et capables de faire partager leur connaissance intime de ces œuvres soumises à une
lecture parfois tout à fait personnelle. Rappelons le danger d’une lecture fondée sur des sources obte-
nues de seconde main, systématiquement repérée, doit-on le rappeler, lors de l’entretien.
Sujet de type 2
C’est un type de sujet mettant en œuvre des connaissances techniques, que l’on ne choisira donc que
si l’on possède ce type de savoir. Ainsi, choisir «le sermon» et ne se fier qu’à la parole des diction-
naires présents dans la salle de préparation est dangereux si l’on n’a jamais lu de sermon, si l’on ne
connaît pas l’œuvre de Bossuet, ni les conditions mêmes de la prédication. Pour ce type de sujet, on
CULTURELITTÉRAIREGÉNÉRALE
évitera le catalogue ainsi que l’extension sémantique maximale. Dans la mesure où ces sujets font
appel à une approche plus technique de la littérature (générique, stylistique, rhétorique, narratolo-
gique...) on évitera de les traiter comme des sujets de type3. L’anacoluthe est une figure de style de
portée restreinte, qualifiée par certains rhétoriciens de «microstructurale», dans la mesure où elle
relève des figures de constructions de la phrase. Il est maladroit de bâtir une troisième partie sur un
emploi métaphorique de l’anacoluthe comme rapport de rupture entre l’œuvre et sa réception. Le
jury souhaiterait dénoncer à ce propos un défaut qui lui a paru fréquent cette année dans le traitement
des sujets de type 2, à savoir la fâcheuse tendance à proposer très souvent une troisième partie sur les
rapports de l’œuvre et du lecteur, dont on voit mal la pertinence à propos de sujets comme «les
points de suspension» ou «la métonymie», par exemple.
Sujet de type 3
Il s’agit des sujets les plus généraux et les plus ouverts. Deux défauts ont grevé lourdement la majo-
rité des prestations:
– Le panorama ou la fâcheuse tendance à vouloir présenter la littérature française des origines à nos
jours en 10 minutes! On ne peut que déplorer l’effet absolument désastreux que produisent des inep-
ties comme «la peur de la mort n’existait pas avant le siècle des Lumières», permettant de structu-
rer un panorama allant de Ronsard à Leiris et s’articulant autour d’une rupture idéalement située en
1789... C’est confondre alors Histoire et histoire littéraire. D’ailleurs, on relève trop souvent l’idée
que la littérature ne commencerait pas avant le XVIIe siècle. Rares sont les prestations qui évoquent
la littérature médiévale et timides celles qui convoquent les écrivains de la Renaissance. Autre ava-
tar du catalogue, les plans en trois parties qui présentent une œuvre par partie.
– Le catalogue. Il apparaît comme le corollaire du défaut précédent et se fonde sur un contre-sens de
l’épreuve. Général ne veut pas dire dépourvu de projet de lecture ou de projet d’analyse. L’on voit
alors se développer un chapelet d’œuvres souvent mal connues, ou seulement par leur titre, qui tien-
nent lieu et place d’analyse véritable.
Il est bon de rappeler l’attitude à tenir devant les citations proposées assorties du nom de leur
auteur. En effet, lorsque la source de la citation est explicite («Je me souviens» [Pérec]; «Tout, dans
le monde, est fait pour aboutir à un livre» [Mallarmé]; «le seul engagement pour l’écrivain, c’est la
littérature» [Robbe-Grillet]), il est tout à fait maladroit de ne rien dire de l’auteur concerné, et de ne
pas s’appuyer, au moins à titre de tremplin, sur l’esthétique de cet écrivain, ou sur les fondements
méthodologiques de tel critique. Le risque encouru est, en effet, que, sortie de son contexte et déta-
chée de son auteur, la citation prenne un sens différent de sa visée originelle.
Terminons sur une note optimiste et saluons la qualité de très bons exposés. Par exemple, un
sujet comme «le pli a permis» à la candidate audacieuse de déployer finement la difficulté de cette
notion à partir de l’érotisme contenu dans les pliures de la chevelure ou du vêtement avant de dénon-
cer le danger labyrinthique qui peut conduire au sonnet en X.Pour traiter du pittoresque, une candi-
date a pris le temps d’examiner en détail dans l’œuvre proustienne le «petit pan de mur jaune», et
de proposer alors la conception esthétique du pittoresque, ce qui lui valu la note de 18/20.
On espère que ces quelques conseils de bon sens permettront à la majorité des candidats de se
préparer à cette épreuve en se délestant du préjugé qu’elle demeure, quoique l’on propose, inabor-
dable. Le jury ne demande pas mieux que d’être surpris et séduit et il déplore la moyenne extrême-
ment basse des exposés de cette année.
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